Le cérianthe Cerianthus, ou les fleurs de mer.
Les origines et la classification des cérianthes.
Très proches des anémones de mer, les cérianthes sont connus de par le monde entier et dans toutes les mers, principalement tempérées et chaudes, du littoral
aux zones profondes. Ils peuvent vivre dans les eaux polluées des ports on connaît bien deux espèces communes de cérianthes dans les eaux européennes : Cerianthus lloydi, de l'océan Atlantique à la Mer du nord, et
Cerianthus membranaceus dans la Manche, l'Atlantique et la mer Méditerranée. Toutefois, quelque soit l'espèce, les besoins
trophiques, à la fois autotrophiques et hétérotrophiques,
sont identiques partout sur la planète. On peut également citer Cerianthus borealis dans des zones froides et Cerianthus americanus au niveau du continent nord-américain.
L'origine du nom de genre, Cerianthus, n'est pas sans rappeler les Anémones de mer puisque les racines grecques sont : kerion (cire) et anthos (fleur), soit littéralement "fleur de cire". Le nom commun français (masculin = un cérianthe) en découle
directement : "fleur de mer"! En revanche, les allemands et les anglohones prônent plutôt la ressemblance avec les Anémones de mer en les appelant, respectivement, "Zylinderrosen" et "Cylinder Sea Anemone". Finalement, tout le monde comprend facilement le mot "cérianthe".
Cela n'aurait pas déplu à Mendel comme évolution pour les fleurs.
Si jadis, ils étaient classés parmi les Zoophytes, Animaux-Plantes ou Animaux rayonnés, possédant en principe une symétrie axiale ou rayonnée, comme pour les Anémones de mer, il aura fallu patienter jusqu'aux travaux du Suisse
Abraham Trembley pour convaincre de l'appartenance des cérianthes au Règne Animal, et ainsi, dans l'arbre de la classification phylogénique, une fleur de mer appartient à : règne = Animalia; sous-règne = Eumetazoa;
embranchement = Cnidaria; classe = Anthozoa; sous-classe = Zoantharia (les différences avec les anémones commencent ici ->); ordre = Ceriantharia; famille = Cerianthidae. Le genre
Cerianthus a été décrit par Chiaje en 1830.
Description d'un Cérianthe.
Les Cérianthes sont de grands polypes solitaires, voisins des Anémones (ou Actiniaires) dont ils ont l'aspect général. Le corps, fortement muscularisé et très contractile, est cependant beaucoup plus allongé, pouvant atteindre
30 à 35 cm; il est dépourvu de sole pédieuse, ressemblant par là aux Actinies pivotantes. Les tentacules, également très allongés, très nombreux, très mobiles et très contractiles, ne sont pas rétractables à l'intérieur du corps.
La coloration va du blanc de cire au violet pourpre foncé, les tentacules centraux, labiaux, pouvant être de teinte différente des tentacules périphériques, marginaux; ces derniers sont unis ou annelés.
L'animal, dépourvu de tout squelette, habite un tube muqueux fermé à l'extrémité inférieure, secrété par les cellules de son épiderme, et qui durcit et s'épaissit progressivement, tout en s'incrustant de sable, de vase
et d'autres corps étrangers. Ce tube (pouvant atteindre un mètre de longueur) est enfoncé dans le substrat vaseux ou dans des fissures du récif et seule dépasse sa portion apicale par l'orifice de laquelle la couronne tentaculaire
s'épanouit, surtout le soir et pendant la nuit. En cas de danger et pendant les périodes de repos, l'animal peut se rétracter entièrement, et parfois très violemment, dans son tube, jusqu'à se réduire à 1/6e de sa longueur
primitive. Les tentacules qui sont ramenés au-dessus de la bouche, sont alors minces et frisés.
Le Cérianthe dispose d'une grande liberté de mouvements à l'intérieur de son tube; il peut se déplacer à l'aide de contractions, surtout de la partie inférieure de son corps, et quitter son tube lorsque celui-ci ne lui convient
plus, ramper sur le fond en s'aidant des tentacules, puis fouir la vase avant de secréter un nouveau tube en quelques heures; la sécrétion débute par la partie supérieure du corps et l'enveloppe tout entier. Périodiquement,
une portion annulaire de la marge supérieure du tube se sépare du reste et chemine le long des tentacules pour être libérée à leur extrémité. L'animal, hors de son tube, se présente sous la forme d'un sac étroit et tubuleux,
entièrement lisse, arrondi ou légèrement pointu à l'extrémité opposée à la bouche. Celle-ci est percée d'un orifice (pore aboral) qui ne sert pas d'anus, car il n'évacue que de l'eau, tandis que les "excréments" sont rejetés par
l'orifice buccal.
L'extrémité antérieure est légèrement dilatée et se termine par un péristome concave, au centre duquel s'ouvre la bouche. Celle-ci communique par un pharynx, creusé d'une gouttière ciliée dorsale (siphonoglyphe), avec une cavité
gastro-vasculaire unique, servant surtout à la digestion (cavité stomacale et cavité du corps ne font qu'un, c'est une caractéristique essentielle des Coelentérés). Cette cavité unique, en coecum (la bouche jouant également le rôle
d'anus), est entourée d'une muqueuse digestive qui s'accole directement à la paroi du corps dont elle n'est séparée que par une lame de mésoglée, sécrétée par la face interne de l'ectoderme et de l'endoderme. La
mésoglée est constituée essentiellement par une scléroprotéine, une élastine très extensible ; elle est colonisée par des cellules, issues de l'ectoderme et de l'endoderme, constituant un mésenchyme.
La bouche est entourée extérieurement de tentacules formant deux systèmes, séparés par un espace annulaire nu qui est parcouru par des sillons radiaires correspondant à l'insertion des cloisons gastriques sur la face interne.
Les Coelentérés sont en effet des animaux à symétrie radiaire : les organes similaires se répètent autour de l'axe du corps et non le long de cet axe. Le nombre des loges, délimitées par des cloisons disposées par paires,
est caractéristique du groupe; chez les Cérianthes, comme chez les autres représentants du groupe des Zoanthaires (anciennement nommés "Hexacoralliaires"), le nombre des loges est primitivement de 6.
Les tentacules sont simples, creux, disposés en plusieurs cycles. les marginaux étant beaucoup plus longs et épais que les labiaux, grêles et courts, qui entourent la bouche et figurent le "coeur de la fleur". Marginaux
et labiaux sont en nombre variable, pouvant dépasser la centaine chez l'adulte, mais toujours impair. Il existe en effet ordinairement un tentacule marginal médian, impair et ventral, qui traduit, au niveau des tentacules, une
symétrie bilatérale que l'on retrouve dans la cavité gastro-vasculaire (siphonoglyphe médio-dorsal). Bien qu'occupant une surface beaucoup plus réduite, les tentacules labiaux sont en même nombre que les marginaux.
Tous ces tentacules sont couverts de cellules hautement spécialisées, les cnidoblastes, qui renferment des capsules, pleines d'un liquide urticant, et pourvues d'un long filament dévaginable : ce sont les cnidocystes
qui servent à la capture des proies. La présence de cnidocystes caractérise le grand groupe des Cnidaires, par opposition aux Cténophores qui en sont dépourvus et que les zoologistes classent maintenant tout à fait à part.
Les tentacules marginaux sont en outre pourvus, à leur base, de pores permettant l'expulsion de l'eau. Ce sont presque de véritables plantes aquatiques dans l'eau
de mer, des hydrophytes toujours en fleurs, toute l'année : le rêve de tout botaniste.
Parmi les Cnidaires, les Cérianthes forment avec les Anémones de mer (Actiniaires) les Madrépores (Madréporaires), les Alcyons, Gorgones et Pennatules, ainsi que quelques autres petits groupes (Antipathaires, Zoanthaires),
la classe des Anthozoaires (littéralement : animaux-fleurs). Les Anthozoaires ne présentent pas l'alternance caractéristique des Hydrozoaires (Hydres au sens large) : polype (forme fixée), méduse (forme libre) et on les considère,
pour cette raison, comme plus primitifs, bien que leur anatomie soit plus complexe. Les Cérianthes seraient même, pour certains auteurs, les plus primitifs de tous les Coelentérés.
Maintenance de cérianthe : conseils variés.
Les Cérianthes comptent parmi les invertébrés les plus robustes et les plus faciles à élever en aquarium, aussi il n'est pas rare de rencontrer des spécimens ayant vécu plusieurs dizaines d'années en aquarium et jusqu'à plus
de 50 ans (Naples).
La taille augmente de façon très nette tous les ans. Il quitte périodiquement son tube (3 - 4 fois par an) pour s'en construire un nouveau. Il est aussi possible de le "repiquer" dans son ancien tube qu'il peut réadopter ou quitter
à nouveau le plus souvent. Afin de faciliter la fixation au substrat, il est nécessaire de prévoir une zone comportant une épaisseur suffisante de sable ou d'aménager de petites cavités verticales dans les éléments du décor.
L'alimentation et la nourriture ne posent aucun problème. Toute proie passant à proximité des tentacules, en perpétuel mouvement sous l'effet des courants, est capturée, ramenée par les tentacules marginaux vers les tentacules
labiaux, puis engloutie (Plancton, Néréis, Moules, chair de poisson, etc.).
L'animal peut ouvrir la bouche très largement, évaginer son actinopharynx et rejeter, de temps à autre, une masse de substances non digérées et une grande quantité de mucus qui trouble l'eau pendant une demie journée.
Les poissons et divers invertébrés (Anémones, Crevettes, Vers, etc.) peuvent cohabiter avec des Cérianthes. Seuls les poissons très affaiblis ou de petite taille risquent d'être capturés; les autres ne s'aventurent pas dans les
tentacules et, lorsqu'ils les frôlent, ils s'en écartent très vivement sous l'effet des piqûres. Les espèces de certaines familles (Chétodontidés, Pomacanthidés) attaquent et dévorent les Cérianthes, mais beaucoup d'autres peuvent
être élevées sans inconvénient avec eux (Pomacentridés, Labridés, Siganidés, Blennidés, Callionymidés, Acanthuridés, etc.).
Il est possible de faire cohabiter plusieurs spécimens de Fleurs de mer dans un même bassin sans problème, même si elles sont proches l'une de l'autre.
Reproduction des Cerianthus sp..
Les Cérianthes sont ordinairement hermaphrodites avec protérandrie, c'est à dire que les produits sexuels mâles mûrissent et sont émis avant les produits femelles. L'oeuf fécondé donne une larve planctonique ciliée se transformant en un petit polype cilié à 6 loges et quelques tentacules marginaux
(stade cerinula). Ce nombre croît progressivement et, après une vie pélagique assez longue, le jeune polype se laisse tomber au fond et se fixe au substrat en construisant son premier tube.
Ces divers stades et étapes sont impossibles à reproduire (!) en aquarium d'amateur.